EDF-GDF : les vrais privilèges des régimes spéciaux

Alors qu’EdF s’est offert une nouvelle augmentation sur le dos de ses abonnés au 1er août dernier, petit rappel du statut social très particuliers des agents d’EdF (Rassurez vous les agents d’Erdf et de RTE n’ont pas été oublié non plus)


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EDF-GDF : les vrais privilèges des régimes spéciaux Alors que commence le procès des malversations de la CGT dans le comité d’entreprise d’EDF-GDF, replongeons-nous dans l’enquête sans appel de Nicolas Lecaussin. Par Jean Nouailhac

Publié le 11/06/2014 à 10:56 | Le Point.fr À EDF, les salariés travaillent 32 heures par semaine et peuvent choisir de les faire en 4 jours. Tout compris, ils bénéficient de plus de 4 mois de vacances.

"Paradis des planqués" : la formule est de Nicolas Lecaussin, ancien directeur de l’iFRAP, cet institut privé et indépendant qui évalue les politiques publiques et dénonce les dérives de l’État et de ses administrations. Auteur, il y a près de dix ans, d’un livre-choc qui avait fait sensation à l’époque, Cet État qui tue la France (Plon, 2005), il vient de faire paraître un nouvel essai argumenté, L’Obsession antilibérale française (Libréchange, printemps 2014). Nicolas Lecaussin, qui dirige aujourd’hui l’Iref, l’Institut de recherches économiques et fiscales, est un enquêteur redoutable et redouté qui n’a pas peur des mots. La langue de bois, il ne connaît pas !

À l’époque de son premier livre, il avait déterré la somme de tous les avantages sociaux et les incroyables privilèges des agents EDF, qu’on aurait dit enfouis sous terre dans un silence de mort ! Le black-out était total, mais Nicolas Lecaussin avait réussi à pénétrer dans ce bunker de la CGT. Ce qu’il y avait trouvé avait profondément choqué ses lecteurs. Qu’on en juge. Nous en reproduisons les principaux éléments avec son aimable autorisation. 85 jours de repos par an !

À EDF, les salariés travaillent 32 heures par semaine et peuvent choisir de les faire en 4 jours. Ils bénéficient de 85 jours de repos par an, soit 25 journées de congé, 45 grâce à la semaine de 4 jours, plus 10 ou 15 en cas d’heures supplémentaires. Soit, tout compris, plus de 4 mois de vacances et 1 440 heures de travail par an. Le salaire brut moyen est de 3 800 euros par mois auquel s’ajoutent des avantages en nature de 10 % (dans le privé, salaire brut médian : 2 200 euros par mois, pour 1 872 heures par an).

Les agents EDF bénéficient d’un emploi à vie, de soins de santé gratuits (tiers payant), de vacances à 20 % du prix normal dans les centres du comité d’entreprise (CCAS), de repas à 50 % de réduction, l’électricité et le gaz à 10 % du tarif, d’avantages en nature non imposables, d’un salaire d’embauche à 36 % au-dessus du smic, sans compter un "régime spécial" de retraite à 55 ans pour les "actifs" (60 % du personnel), qui touchent 75 % de leur dernier salaire. Pour bénéficier du droit à la pension, les actifs doivent totaliser au moins 15 ans de service, 25 ans pour les autres.

Entrons dans le détail des primes. Mariage de l’agent : 2 mois de salaire. Remariage de l’agent : 1 mois de salaire. Naissance du premier enfant : 1 mois de salaire. Deuxième et troisième enfants : 1,5 mois de salaire. Quatrième enfant et plus : 2 mois de salaire. Décès : 2 mois de salaire ou de pension au conjoint. Mutation entraînant un changement de résidence : 2 mois de salaire. Une ribambelle de jours de congés exceptionnels

Les jours de congés exceptionnels. Mariage de l’agent ou remariage : 6 jours. Mariage d’un enfant ou remariage : 2 jours. Naissance d’un enfant ou adoption : 4 jours. Décès d’un conjoint : 6 jours. Décès d’un enfant, du père, de la mère : 4 jours. Décès frère, soeur, beau-frère, belle-soeur, grands-parents, beaux-parents, petits-enfants : 3 jours. Première communion d’un enfant : 1 jour. Déménagement : 1 jour.

Autres absences rémunérées. Mère de famille : 1 jour tous les 2 mois jusqu’aux 16 ans de l’enfant. Absence de courte durée (chez le médecin) : tolérance laissée à l’appréciation de la hiérarchie. Enfant handicapé : 6 à 12 jours par an. Enfant malade : tolérance laissée à l’appréciation de la hiérarchie. Rentrée scolaire : 2 heures. Fête des Mères : une demi-journée.

Les arrêts-maladie, les congés formation, les heures syndicales viennent s’ajouter à cette liste interminable de privilèges qui font d’EDF l’entreprise publique où l’on travaille le moins et où l’on gagne le plus. Et c’est peu dire qu’en la matière, en France, la concurrence est rude. Pour remporter ces pompons-là, il faut vraiment s’accrocher ! Pour EDF, ce n’est pas tout, et de loin, puisqu’il y a ce fameux comité d’entreprise (CCAS) si richement doté. Dans le privé, les CE bénéficient de 0,2 % de la masse salariale. À EDF, grâce à une loi de 1946, la CCAS bénéficie de 1 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, soit 450 millions d’euros en 2006, ce qui équivaut aux indemnités d’environ 1million de RMIstes. Cette CCAS est entièrement gérée par la CGT et beaucoup d’observateurs considèrent que ces ressources sont la véritable caisse noire du Parti communiste français depuis plus d’un demi-siècle. Situation financière catastrophique

Petit rappel, nous sommes en 2006. Qui peut croire aujourd’hui que tous ces avantages sociaux exorbitants n’ont pas été réévalués au fil du temps ? Et que d’autres n’y ont pas été rajoutés ? En France, les luttes sociales sont un combat sans fin. Lorsque Henri Proglio a été nommé président d’EDF, voulant amadouer les communistes de la CGT avec lesquels il allait devoir cogérer cette entreprise insensée, il n’a rien trouvé de mieux que de procéder à une augmentation générale de 4 % de tous les salaires. Délirant !

Nicolas Lecaussin, lui, a profité entre autres de son nouveau livre L’Obsession antilibérale française pour mettre à jour son dossier EDF : "Malgré la situation financière catastrophique (90 milliards d’euros non provisionnés) du régime spécial d’EDF, écrit-il, le système de retraite n’a subi qu’une réforme paramétrique en 2007. En échange de l’allongement très progressif de la durée d’activité de 37, 5 à 40 ans, les agents d’EDF et de GDF ont bénéficié de très nombreux nouveaux avantages : primes supplémentaires, revalorisation des traitements, augmentation des retraites, adoption d’un régime complémentaire par capitalisation... Et ce régime particulier a été adossé au régime général et aux régimes complémentaires Arrco et Agirc sans aucune compensation pour ces derniers. Déjà, 1,3 milliard d’euros ont été pris dans les caisses du privé pour financer le régime des agents EDF. Enfin, EDF est très endettée (plus de 30 milliards d’euros en 2012 pour un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros environ)."

Qui va payer tout cela ? À votre avis ? Et cela va-t-il durer encore longtemps ? À votre avis ?