Autocars Macron, les autocaristes sont sélectifs

Autocars Macron, les autocaristes sont sélectifs surtout Flixbus qui commence à faire parler de lui. Ainsi Flixbus n’a pas attendu bien longtemps pour se livrer à du chantage à la ville de Guéret. N’oublions pas que le capitalisme ultralibéral consiste à pomper un maximum de pognon en un minimum de temps (qui l’eut cru ?) quitte à flirter avec les règlements voire carrément la transgresser.
http://www.lemonde.fr/economie/arti...
Les usagers des « cars Macron » ne sont pas tous à même enseigne
Le Monde | 18.08.2016 à 06h43 • Mis à jour le 18.08.2016 à 17h50 | Par Éric Béziat
Ici, un jeune homme planté sur sa valise. Là, un couple adossé au grillage donnant sur le périphérique. Plus loin, une famille assise sur une mauvaise pelouse grillée par le soleil.
Nous sommes porte Maillot, au principal point de départ et d’arrivée, pour l’Ouest parisien, des « cars Macron », ces lignes d’autocar longue distance à bas prix, lancées il y a un an et en plein essor cet été. Il s’agit en fait d’un simple parking disposant d’une quarantaine de places : pas de quai, pas l’ombre d’un banc, pas de toilettes, pas d’affichage des horaires et des destinations…
Lire aussi : « Autocars Macron » : 1,9 million de passagers en huit mois
C’est là que Flixbus, leader du marché français avec Ouibus (filiale de la SNCF), a installé son principal « terminal » français. On y recense chaque jour de 170 à 180 rotations d’autocars, et 7 000 passagers y sont débarqués ou embarqués, « dans des conditions catastrophiques d’hygiène et de sécurité », précise Raphaël Daniel, le responsable de la communication de Flixbus : « Notre principale inquiétude, c’est le risque d’accident grave : un client renversé à cause de l’absence de quai. » Sur place, en effet, on peut voir des passagers qui tirent leur valise en slalomant au milieu des véhicules. Ces derniers klaxonnent et pilent parfois au dernier moment pour les éviter. Des passagers là pour le prix
Entre la visibilité médiatique des fameux « cars Macron » et les conditions réelles d’accueil des voyageurs, le décalage est total. « C’est quand même scandaleux, râle Gisèle qui attend son car pour Roanne (Loire) dans la chaleur depuis une heure, avec sa cheville dans le plâtre. Je pensais prendre un café, mais ici c’est impossible. Heureusement, les cars sont confortables et c’est deux fois moins cher que le train. » Pas de doute, les « macronautes » de la porte Maillot sont surtout là pour le prix. C’est bien la motivation de Kriss, qui part vers Caen avec sa fille adolescente et sa petite de 4 ans, pour le tarif d’un seul billet de train. La fillette a justement envie d’aller aux toilettes : ce sera derrière un arbre près de la clôture.
(Lire aussi : Autocar : le rachat de Megabus par Flixbus scelle la concentration du secteur)
Les passagers ne sont pas les seuls à se plaindre. Thierry, chauffeur pour la compagnie Starshipper, reprise en juin par Ouibus, fréquente, lui aussi, la porte Maillot. Il ne décolère pas depuis qu’on lui a volé sa sacoche. Et désigne un responsable : la Mairie de Paris, propriétaire de l’endroit. « Vu les tarifs prohibitifs qu’ils prennent pour le stationnement des cars, ils pourraient aménager les lieux et renforcer la surveillance », tonne-t-il. Les relations entre Flixbus et la municipalité parisienne sont pour le moins difficiles
Même discours, côté Flixbus. « Le parking nous coûte plus de 1 million d’euros par an pour un service qui n’a jamais été au rendez-vous », tempête M. Daniel. Les relations entre Flixbus et la municipalité parisienne sont pour le moins difficiles. Les dirigeants de l’entreprise assurent qu’ils ont attendu un an avant d’obtenir l’autorisation d’installer une simple cahute mobile en tôle verte qui fait office de guichet.
Et il y a de quoi être amer quand on voit les infrastructures de la concurrence. Cap vers le sud-est de Paris, au point d’arrêt principal des Ouibus qui jouxte la gare SNCF de Bercy. Le lieu est indiqué par un fléchage clair, et là, des quais, une signalisation, un guichet, des abris et, surtout, à trente mètres, tous les services et le confort offerts par la gare. Des structures existantes
Voilà qui contraste, non seulement avec la porte Maillot mais aussi avec l’autre gare routière de Bercy, située près du Palais omnisports, elle aussi desservie par Flixbus et sa filiale Megabus : un vaste hangar sinistre, dont l’entrée est cachée par les murs tagués du skate-park local. Flixbus pourrait emprunter la vaste et confortable gare routière située à Bagnolet, d’où partent les cars Isilines
Les malheurs de Flixbus ne font pas pleurer tout le monde.
« L’opérateur allemand veut refaire le coup de Ryanair, en faisant payer par les collectivités locales son modèle low cost, décrypte un spécialiste des infrastructures routières et ferroviaires. Pourquoi la Mairie de Paris le financerait-elle ? Flixbus a le droit d’utiliser les gares routières existantes, mais pour ça, il doit payer. »
La loi a en effet confié à l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières la mission de garantir à tous les transporteurs un accès équitable aux gares routières. Flixbus pourrait donc emprunter la gare des Ouibus ou la vaste et confortable gare routière située à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), d’où partent les autocars d’Isilines, filiale de Transdev, le troisième opérateur des « cars Macron ».
A la mairie de Paris, l’activisme de Flixbus agace. « Les municipalités ne peuvent pas courir après ces compagnies qui lancent des centaines de lignes ultradéficitaires pour occuper le terrain, explique une porte-parole de la municipalité. Nous n’allons pas engager de travaux porte Maillot, pour la bonne raison que le parking va fermer dans les prochains mois. » Une vaste opération architecturale doit y être menée dans le cadre du programme « Réinventer Paris », avec, à la clé, un vaste bâtiment bâti au-dessus du périphérique… et une gare routière digne de ce nom.
Autocars Macron : six mois après, la ville de Guéret n’est déjà plus desservie !
franceinfoRadio France
Mis à jour le 06/09/2016 | 08:24 publié le 06/09/2016 | 08:24
http://www.francetvinfo.fr/economie...
Flixbus, la seule compagnie à proposer un arrêt à Guéret, sur la ligne Bordeaux - Lyon, a décidé de suspendre l’arrêt, six mois après sa mise en place, tout comme l’arrêt de Montluçon, dans l’Allier.
En cause, le manque de rentabilité de la ligne qui s’annonce avec l’hiver. Mais la compagnie promet de desservir à nouveau la préfecture de la Creuse au printemps prochain. Guéret - Bordeaux à 9 euros
Alors que les "autocars Macron" ont transporté en un an 4 millions de voyageurs partout en France, une seule compagnie s’était lancée pour desservir Guéret et ses 14 000 habitants. Depuis le mois de mars 2016, l’Allemand Flixbus proposait des trajets à des prix défiant toute concurrence : 9 euros l’aller simple, par exemple, pour un Guéret - Bordeaux. Le taux de remplissage flirtait avec les 50% cet été sur cette ligne, et près de 1 500 passagers ont emprunté l’un des autocars verts au départ de la Creuse depuis six mois.
"On voyait une chute très abrupte des réservations pour le mois de septembre, se justifie Pierre Gourdin, le directeur de Flixbus. La ligne est en dessous de seuil de rentabilité sur les mois d’hiver. La ville est un peu trop petite et un peu trop en dehors des grands axes, et ça ralentissait notre ligne. On a quand même un impératif de rentabilité, car nous ne sommes pas subventionnés. C’est une des conséquences de notre modèle."
Un modèle, souvent présenté comme un moyen de désenclaver les petites villes du pays, déjà mal desservies par des trains Intercités vieillissants, qui semble donc montrer ses limites au bout de quelques mois. Six compagnies opéraient sur le territoire français au moment de la libéralisation du marché de l’autocar : un an après, elles ne sont plus que trois, après plusieurs rachats ou alliances.
La compagnie Flixbus, par la voix de son directeur, a promis sur France Bleu Creuse de desservir à nouveau Guéret l’an prochain. D’ici là, ses clients creusois devront se trouver un nouveau moyen de transport.