01/06/2008 Le jour où brula une bonne partie de la musique pop

La réputation d’Universal pour la lutte contre la contrefaçon n’est plus à faire réduisant le rapport de force à des gentils musiciens et producteurs contre les vilains pirates. Notons que ces derniers en ont plein les bottes de payer depuis des décennies une blinde l’achat de chaque vinyl-K7-CD-DVD-BR.
Je surnomme Univers Sale parce que leurs méthodes d’intimidation sont très discutables (voire haineuses) vis-à-vis des internautes qui partagent des titres financièrement hyper amortis ou des oeuvres rares qu’ils refusent eux-même de rééditer et/ou de rediffuser.
Alors que le principe même du P2P (peer to peer) repose selon une organisation de fichiers partagés et donc répartis sur une multitude de postes à la fois clienst et serveurs, ces crétins ont prouvé au monde entier ce 1er juin 2008 que le stockage centralisé en un seul endroit était la plus monumentale connerie de l’ère high-tech et internet.
Comme chacun le sait, Universal est un empire (trust) audiovisuel qui s’est constitué au fil des décennies par de la croissance externe (rachats massifs de labels, d’éditeurs musicaux petits comme gros). En 2021, seuls subsistent que 3 "majors" comme on les appelle, à savoir Universal, Sony, Warner.
Donc revenons à ce 1er juin 2008, où des ouvriers refont une toiture bitumée au chalumeau sur des hangars d’Universal. Opération particulièrement dangereuse le bitume étant un produit pétrolier, ça s’enflamme très facilement et après c’est hors de contrôle (tu as intérêt à te barrer vite fait) avec une grosse fumée noire et les bouteilles de propane qui explosent. J’ai eu l’occasion, début 1989, d’assister à un incendie de ce type sur la toiture d’un immeuble à proximité de la gare de Boussy-Saint-Antoine (Essonne). Ça vaut le coup d’oeil, ce n’est pas très bon pour l’environnement et c’est un peu dommage pour ceux qui ont des affaires en dessous (les wesh-wesh du quartier s’étant occupé de piller ce qui restaient dans les apparts après le départ des pompiers).
Bref, les entrepôts d’Universal ont cramé, et ce qui était en dessous et dedans avec. De prime abord, on pourrait se dire que c’est bien fait pour ces abrutis sauf qu’il y avait entreposé des oeuvres originales (des masters).
À l’époque, les dégâts avaient été qualifiés de minimes (boah ! quelques copies de vidéos de chats). Ce n’est que 11 années plus tard en juin 2019, que l’ampleur de la casse a été révélée par le New York Times Magazine. Et là, c’est une autre partition, 500 000 masters des plus grands standard de la pop music réduits en cendres. Un "détail" ... comme dirait JMLP qui s’y connait en histoires qui finissent en fumées (tiens au fait, toujours pas crevé du COVID celui-là).
Par économie débile et surtout par j’en foutisme, ces connards avaient tout concentré au même endroit et n’avaient à aucun moment, envisagé de pérenniser tous ces trésors dormants sur d’autres supports et de les entreposer en d’autres lieux sécurisés. Pensez donc Mme la Marquise, le feu qui part des écuries et qui brule tout le château, ça n’arrive jamais.
Au fait, qu’est-ce-que je faisais faire à la même époque ? Bingo, la toiture de ma maison ... en tuiles et zinc, pas de bitume ni de chalumeau. Quant à mes photos, vidéos persos et mes musiques, ça faisait déjà plusieurs années qu’elles étaient systématiquement dupliquées et dispersées en plusieurs endroits ayant été profondément marqué par l’anecdote racontée 15 ans auparavant par des jeunes qui étaient venus à notre rencontre à notre club vidéo. Ils n’avait rien à nous montrer comme oeuvres personnelles ayant tout perdu lors de l’incendie de la maison de leurs parents.
Ah la la, quelle bande de quiches dans ces majors, vraiment que des branleurs !!!!
source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Incen...
L’incendie d’Universal est l’incendie le 1er juin 2008 d’un arrière-studio d’Universal Studios Hollywood, un studio de cinéma américain et un parc d’attractions situés dans la vallée de San Fernando, dans le comté de Los Angeles, en Californie.
L’incendie fait suite à des négligences lors de réparations où des ouvriers ont utilisé des chalumeaux pour chauffer des bardeaux d’asphalte1. Le feu est éteint après douze heures ; quatorze pompiers et trois policiers du comté de Los Angeles sont légèrement blessés dans la catastrophe.
Si à l’époque Universal affirme que l’incendie n’a détruit que 40 à 50 000 copies de vidéos et de films numériques archivés dans un entrepôt, le Building 6197, un article du New York Times en 2019 affirme que l’incendie a en réalité détruit de 118 à 175 000 bandes audio analogiques appartenant à Universal Music Group. Cela comprend les originaux (masters) de chansons de nombreux artistes majeurs dont Chuck Berry, Ray Charles, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Steely Dan, R.E.M., Nirvana, Sheryl Crow et The Roots notamment. Selon le New York Times, il s’agit du « plus grand désastre de l’histoire de l’industrie musicale ».
https://www.lemonde.fr/big-browser/...
« Le plus grand désastre de l’histoire de la musique » : en 2008, l’incendie méconnu des archives d’Universal Billet de blog
Sylvain Siclier
Ulysse Bellier
Une longue enquête du « New York Times Magazine » raconte comment, à la suite d’un feu dans les studios Universal, à Los Angeles, des enregistrements des plus grands artistes musicaux ont été détruits.
Publié le 14 juin 2019 à 13h06 - Mis à jour le 14 juin 2019 à 18h38 Temps de Lecture 7 min.
Le 1er juin 2008, au petit matin, l’alarme est donnée à l’Universal Studios Hollywood, à Los Angeles (Californie), vaste complexe qui réunit des plateaux de cinéma, des attractions ouvertes au public, des entrepôts de décors, d’archives, des bureaux, etc. Un feu s’est déclaré sur un toit et se propage rapidement. Après vingt-quatre heures de lutte contre le sinistre, quelques blessés, des dégâts matériels et la perte d’archives sont à déplorer, est-il expliqué à la presse. Rien de très grave, en somme.
Les archives qui ont brûlé, dont la nature n’est alors pas précisée, se trouvaient dans le bâtiment 6197, utilisé par la major du disque Universal Music Group (UMG). A la suite de l’incendie, la maison de disques minimise l’ampleur des dégâts en donnant les noms d’obscurs artistes des années 1940-1950 et en affirmant qu’il y avait là surtout des copies de documents.
Mais onze ans après les faits, le journaliste américain Jody Rosen raconte, dans une longue enquête publiée par le New York Times Magazine, titrée « The day the music burned » (« le jour où la musique a brûlé »), une autre version de cet incendie et de ses conséquences. Il s’agissait du « plus grand désastre de l’histoire de l’industrie de la musique », affirme le magazine.
Here’s my new @NYTMag piece. It’s about the biggest disaster in the history of the music business, which was hushed… https://t.co/U4QG5nMGsP — jodyrosen (@Jody Rosen)
500 000 titres sont partis en fumée
Jody Rosen a retrouvé le responsable des archives d’UMG de l’époque, Randy Aronson. Arrivé là un peu par hasard au milieu des années 1980, le fan de rock s’est très vite attaché à ce qui représentait un véritable trésor. « Chaque jour, quand il arrivait dans le bâtiment [des archives], il avait le sentiment d’entrer dans une cathédrale pleine à craquer de reliques », raconte le journaliste. Le jour de l’incendie, Randy Aronson arrive sur les lieux en pleine nuit et ne peut que constater l’horreur : « C’est comme un de ces films de fin du monde, j’avais l’impression que ma planète avait été détruite. » Tenu au silence pendant dix ans, il ne dit rien de l’ampleur des pertes. Seuls les initiés en prennent peu à peu connaissance.
Le journaliste a également eu accès à des documents internes d’UMG. Dans une note confidentielle de mars 2009, la maison de disques estime à 118 230 le nombre d’œuvres musicales parties en fumée ce 1er juin 2008. Dans un autre rapport, publié un peu plus tard en 2009, UMG affirme qu’environ 500 000 titres ont été perdus. « Le bâtiment des archives de la côte ouest a disparu, dans son intégralité, reconnaît UMG dans un autre document interne de l’époque. Une immense partie de notre patrimoine musical a sans aucun doute été perdue dans l’incendie. »
Parmi ces archives détruites, issues des fonds de diverses compagnies phonographiques appartenant à UMG, figurent des enregistrements de nombreux artistes de jazz – Billie Holiday, Louis Armstrong, Duke Ellington, Ella Fitzgerald, John Coltrane, Charles Mingus, Pharoah Sanders, etc. –, du blues et du rock’n’roll – dont probablement la quasi-totalité des archives de Chess Records, par Muddy Waters, Willie Dixon, Bo Diddley, Etta James, John Lee Hooker, Buddy Guy et Chuck Berry –, de la soul, de la pop et même du rap – Sonny and Cher, Al Green, Eric Clapton, Aerosmith, Barry White, The Police, Nirvana, Eminem…
Dans son article, le journaliste énumère soixante-dix-sept noms d’artistes dont des enregistrements ont été détruits, mais il reste difficile d’évaluer précisément les pertes. Avant la catastrophe, le référencement des archives était parcellaire et, jusqu’aux années 1990, inscrit sur des petites fiches papier. Le dédain des maisons de disques pour les archives
Mais surtout, selon Jody Rosen, les archives disparues n’étaient pas des copies, comme l’avait annoncé UMG, mais bien, pour beaucoup, des masters originaux – sources notamment pour le mixage de chansons, d’instrumentaux et références lors de rééditions – de morceaux publiés, mais aussi d’inédits. « Le master original, explique le journaliste, contient les détails du disque dans leur forme la plus pure : le grain de la voix d’un chanteur, les timbres d’instruments, l’ambiance du studio. »
« Les documents juridiques, les rapports d’UMG et les récits d’Aronson et d’autres personnes familières des collections stockées dans la chambre forte ne laissent guère de doute sur le fait que les pertes furent importantes, emportant un large échantillon de l’histoire de la musique populaire, de l’après-guerre aux stars d’aujourd’hui », résume le New York Times Magazine.
Pour le journaliste, cet incendie est à mettre sur le compte du dédain des maisons de disques pour les archives. Il cite les cas de destructions volontaires pour récupérer les supports métalliques des bandes magnétiques, la faible attention portée à l’intégrité des lieux de stockage… Plus globalement, Jody Rosen estime que l’industrie de la musique ne semble pas vouloir s’occuper du passé, les yeux rivés sur les tubes du moment et la « machine à cash ». La préservation et la restauration du patrimoine musical coûtent cher, en temps et en espace.
Quelques années avant l’incident, Randy Aronson avait déjà alerté UMG sur l’urgence de déménager ses archives : de l’explosif était remisé dans le même bâtiment, pour les besoins des tournages et les attractions du parc à proximité. Environ 250 000 documents avaient alors été emmenés sur un autre site, en Pennsylvanie.
Dans un communiqué publié à la suite de l’enquête du New York Times Magazine, UMG a dénoncé un article qui contiendrait « nombre d’inexactitudes » et exagérerait « la portée de l’incident ». L’incendie « n’a jamais affecté la distribution des musiques déjà publiées ni le revenu des artistes », affirme la plus grande maison de disques au monde. Selon ce même communiqué, des enregistrements annoncés comme détruits dans l’article du New York Times ont pu être utilisés pour publier des versions remastérisées, et n’auraient donc jamais été détruits.
L’ancien archiviste, Randy Aronson, principale source du journaliste américain, a aujourd’hui quitté Universal. Parti de Los Angeles et des hangars de studios emplis de masters mythiques et autres microsillons, il habite désormais dans une caravane et s’est abonné à Spotify.
Sylvain Siclier et Ulysse Bellier