Cars Macron : un bide !

L’autocar, le moyen de déplacement du pauvre ?
La croissance des cars Macron à la fin de l’année 2018 est due au manifs répétées des gilets jaunes !
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La lente rentabilité des « cars Macron »
Par Journaliste Figaro Jean Blaquière Publié le 10/01/2019 à 05:45
Malgré une hausse toujours importante du nombre de voyageurs, les trois principaux opérateurs de lignes régulières d’autocar en France (Flixbus, Ouibus et Isilines) ne sont toujours pas rentables.
Les derniers chiffres viennent confirmer les prédictions : le trafic des « cars Macron » a encore progressé de 20% au troisième trimestre 2018 par rapport à la même période de 2017, a rapporté lundi 7 janvier l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer). Une croissance moins importante que celle du printemps où le trafic avait bondi de 43% sur un an, sur fond de grève à la SNCF. “Une très bonne nouvelle, se félicite Yves Lefranc-Morin, directeur général en France de l’opérateur allemand Flixbus car cela montre que la grève a permis de fidéliser de nouveaux usagers des autocars, et donc a donné une plus grande visibilité.”
Un succès à nuancer
Les opérateurs atteignent 105 millions d’euros de chiffres d’affaires pour 2017 avec 7,1 millions de passagers, deux ans après la loi Macron. Des chiffres à nuancer, selon Nicolas Quinones-Gil, responsable de l’observatoire de l’Arafer. “Nous ne prenons pas en compte dans nos chiffres les trajets internationaux, qui rajoutent environ 4 millions de passagers annuels.”
Toutefois, chaque opérateur est toujours déficitaire : Ouibus détient le record avec 35 millions d’euros de pertes en 2017, Isilines est déficitaire la même année de 15 millions et Flixbus s’en sort un peu mieux avec seulement 5 millions d’euros de pertes.
Nicolas Quinones-Gil tient à rajouter que “le transport ferroviaire français est particulièrement important, ce qui peut expliquer la lenteur de l’implantation du réseau d’autocar”, tout en rappelant qu’en France, “on est parti de zéro”, contrairement à d’autres pays comme l’Allemagne où la libéralisation des autocars est un vrai succès.
Concurrence féroce
Yves Lefranc-Morin l’affirme : “Pour qu’un opérateur d’autocars puisse être rentable, il faut qu’il y ait du volume.” Le groupe allemand, détient un quasi-monopole -environ 90% du marché- sur son territoire. “À l’échelle du groupe, Flixbus est devenu rentable en 2017”, indique le directeur général. Mais sur le sol français, les affaires s’avèrent plus compliquées que prévu. “Il faut voir les choses comme un grand marché de la mobilité, souligne Yves Lefranc-Morin, car, non seulement nous sommes concurrents de Ouibus et d’Isilines, mais aussi du train low-cost, Ouigo, des compagnies aériennes à bas prix ainsi que du covoiturage.”
Cette rude concurrence avec d’autres types de transports empêche d’augmenter les prix. Selon le directeur général de Flixbus France, “Les opérateurs se sont imposés sur le marché comme l’alternative la moins chère pour les longs trajets. Nos principaux utilisateurs sont des étudiants ou des personnes âgées dont la préoccupation majeure est le coût du voyage et non le temps.” Pour les opérateurs, pas question de revoir les prix à la hausse. Nicolas Quinones-Gil de l’Arafer précise que depuis deux ans, le prix d’un voyage d’autocar s’est fixé aux alentours de 5€ pour 100 kilomètres.
“Les opérateurs de bus se sont imposés comme l’alternative la moins chère sur le marché des mobilités.”
Yves Lefranc-Morin
Remplir les bus
Une seule solution pour que les opérateurs soient rentables : augmenter le taux d’occupation des bus. Le dernier rapport pointe une moyenne de 61% contre 54% un an plus tôt, ce qui s’avère encourageant. “Quand on atteindra 75%, prévoit Roland de Barbentane, on sera bien content !”
Pour cela, les compagnies ont des stratégies différentes. FlixBus tend à multiplier les lignes de bus. L’objectif selon Yves Lefranc-Morin, est de “développer un véritable réseau dans lequel les passagers des lignes déficitaires viennent remplir ensuite les plus grandes lignes, la plupart du temps celles qui transitent vers Paris.” Ce réseau viendrait à concurrencer le train et le covoiturage et, à travers un système de correspondance, à long terme paraître comme la meilleure offre. D’autant plus que la compagnie veille à toujours être en pointe sur l’innovation et les améliorations de confort.
Ouibus, de son côté, mise sur la complémentarité des offres. “L’objectif est de se démarquer de ce qui est déjà proposé, explique Roland de Barbentane, en proposant notamment des trajets vers les aéroports, ou en voyageant de nuit, ce qui permet d’éviter aux voyageurs des coûts de logement.” En parallèle, la filiale de la SNCF propose des cartes de fidélité pour les jeunes, et s’allie de plus en plus avec son principal concurrent, le site de covoiturage BlaBlaCar. Ce dernier est d’ailleurs en passe de racheter Ouibus.
Objectifs non atteints
Si les « cars Macron » sont, bien que déficitaires, en pleine croissance, les objectifs fixés en 2015 par la loi du même nom ne sont pas tous atteints. En effet, sur les 22 000 emplois annoncés, à l’heure actuelle seuls 2500 emplois directs sont effectifs. Et même si l’on compte les emplois indirects, on est encore très loin de l’objectif, souligne l’Arafer.
Enfin, en ce qui concerne le décloisonnement des zones rurales, et une accélération de la mobilité, l’affaire est plus complexe. Autant il est avéré selon une étude de l’Arafer que 20% des usagers d’autocars n’auraient pas pris d’autres transports, ce qui confirme qu’un nouveau marché a émergé. Autant Nicolas Quinones-Gil n’exclue pas la fin à long terme de certaines lignes dites transversales, ne passant pas par la capitale, à défaut de rentabilité. “Il s’agit d’un système libéral, résume-t-il, on ne peut rien exiger du marché.”